Je referme avec délicatesse mon journal et le pousse sur le bord de la table.

J'entends bien Amber me dire "il y a de meilleur livre à lire". Mais je ne m'intéresse pas beaucoup au livre d'invention pure. Je trouve ça vraiment naïf. Mais bon je peux parler moi ! Je suis vraiment naïve, mais je sais quand on me ment. Bien entendu en général je préfère faire comme si je n'avais pas remarquée, comme ça je n'es pas d'ennuie. Je suis vraiment douée pour m'attirer toute sorte d'ennuie (mineur je précise). Rien de bien grave, mais quand même.

J'aime bien la bibliothèque, car elle est lumineuse malgré les imposantes étagères remplies de livres.

Je tourne distraitement les pages de mon grimoire. Il est vraiment énorme, je me demande comment j'ai fait pour ne pas me casser la figure avec ça dans les bras. Je le parcours sans vraiment trop lire les formules à moitié effacer par le temps.

Le temps... A cette penser je soupir. Quand je pense que je vais bientôt avoir seize ans.

Je me lève de la chaise où j'étais posée et prend le livre avec délicatesse, de peur que les pages s'envolent.

Je marche à travers les rayons, où les livres sont rois et je dépose le miens à l'endroit où je l'avais pris. Je suis dans cette salle depuis cinq heures du matin.

Je marche toujours aussi tranquille à travers les rayons. Soudain je vois un garçon. Lui ne m'a pas vu. Je me cache derrière le rayon le plus proche. Je suis très curieuse de savoir que fais un élève à cette heure du matin, dans la bibliothèque. Je pousse quelques livres et le regarde. Ou plutôt l'espionne.

Il regarde les livres du rayon des vampire. Je plisse les yeux pour voir le livre qu'il a emprunté.

Un des livres que j'avais poussée quelque instant plus tôt, qui tenait en équilibre, s'écrase au sol avec un bruit sonore.

Run, Joey, run.

Tu as toujours été attiré par le vide, Al. Je me demande bien d'où te viens cette motivation morbide vers le monde que tu détestes tant. Repose ce livre.

Mais Al ne le fit pas, continuant de tourner les pages frénétiquement. Sans savoir quoi chercher, sans savoir quoi lire. Il vagabondait au grès des pages ; il avait dû parcourir ce livre tant de fois auparavant qu'il en connaissait tous les recoins par cœur. Les pages cornées, les commentaires écris par des élèves trop entreprenant, les images qui servaient d'illustrations, le chapitre sur les demi-vampire à la toute fin de l'ouvrage. Il savait comment reconnaître, éliminer, abattre et se préserver d'un vampire. Mais il ne savait toujours pas comment se protéger, lui. Comment irradier ce mal-là, ce problème-ci. Il vivait en lui et il se devait de faire avec ; au final, et comme à chaque fois qu'il venait à la bibliothèque, il partait plus confus et perturbé qu'il n'y était venu. Quelle heure était-il ? Seulement très tôt, en venant il n'avait pu apercevoir qu'un fantôme à moitié endormi, tout le château était encore en train de rêver alors qu'il cherchait à rejoindre ces lieux. Il n'avait pas réussi à trouver le sommeil et avait prié pour que la salle soit ouverte, à peine était-il six heure qu'il n'eut aucun mal à rentrer. Pourquoi ? Il n'en avait pas la moindre idée, il n'y avait personne en cet endroit à part une fille de sa maison sur qui il ne s'était pas attardé, visiblement elle ne l'avait pas vu entrer. C'était tant mieux. Il se sentait étonnement calme et ne voulait pas s'égosiller contre qui que ce soit de bon matin, sa voix n'étant pas assez réveillée pour ça.

Après plus d'une heure à feuilleter inlassablement le même livre, il se retrouvait là, le dos courbé vers les pages jaunies qu'il n'avait jamais été le seul à regarder. Tout le monde se foutait bien des vampires, et ça, ça l'arrangeait. Pourtant il tenait ces pages entre les mains, sanglantes, assassines, vulgaires. Ah, comment imaginer qu'il n'était pas un monstre après ça ? Mais tu es un monstre, Al. Tu le sais bien. Venir à des heures improbables pour lire ces lignes était un rituel et rares étaient les personnes présentes au même endroit, il n'y avait jamais que cette fille, une Aqua dont il ne connaissait pas le nom et qui avait cette tendance bizarre à le suivre partout. Il se demandait bien pourquoi il ne lui avait jamais demandé d'aller se faire voir, il lui faudrait bien rattraper ce retard car sinon.

Crac.

Ah, bordel. Ça faisait mal ! Al avait tourné la tête si vite qu'il s'était lamentablement craqué la nuque, laissant par la même occasion cet encombrant livre lui briser le gros orteil. Le visage déformé par une expression de douleur, il se mit à lamentablement sauter sur place, ne faisant même plus attention à l'ouvrage étendu par terre où scintillait en lettres brunes « Tout savoir sur les vampires, volume II ». Bordel ! Chier ! Putain ! Les insultes fusaient, il ne savait même pas à qui elles s'adressaient. Arrêtant enfin de s'affoler, il lança un regard furieux vers celle qui - indirectement - lui avait démoli le pied.


« Qu'est-ce que tu fiches ici toi ? Tu peux pas faire attention ?! »

Vas-y, énerve-toi Al. Montre qui est le plus méchant.

« Qu'est-ce que tu fiches ici toi ? Tu peux pas faire attention ?! »

Mince je suis repérée. Je lâche un pathétique "oups..." qui voulait bien entendu dire "merde je suis griller...". Maintenant je le reconnais. Il est de ma maison. Franchement je ne le lui trouve rien d'un Aqua. Il cris sur tout le monde. Je réfléchis à toute vitesse pour retrouver son nom.

Alexander Van Hallangen. Enfin je crois.

C'est une personne qui me fascine. Être chez les Aqua avec un caractère vraiment différent de notre maison c'est vraiment étrange. Je ne lui es jamais parlée, mais je ne sais pas... Comparais aux autres de mon clan, j'ai l'impression de pouvoir lui faire "confiance". Il est différent. Voilà pourquoi je me sens comme ça.

-Bah euh... je cherche un livre tient ! Pourquoi crois-tu que je sois ici ?

Bon je n'ai pas totalement mentis. Je suis surtout ici pour me cacher des autres, même si le matin il n'y a sûrement pas grand monde.

Je passe de son côté et regarde le livre qu'il c'est fait tomber sur son pied.« Tout savoir sur les vampires, volume II ». Wouaah... Le livre que je cherche depuis trois semaines il la trouvait ! J'ouvre de grand yeux émerveiller devant le livre grand ouvert.

-Se n'est pas de ma faute si tu es maladroit et que tu t'éclate un livre sur le pied.

Dis-je toujours les yeux river sur le volume. Je m'avance et le ramasse. Je tourne les pages sens faire attention à Alexander. Ce n'est pas très polie je sais de faire ce que je fais, mais je suis vraiment contente de voir se livre que je convoitée depuis lurette !

Je me tourne vers le jeune homme.

-Alexander est bien ton prénom ?

Je lui souris et je reprends :

- Tu t'intéresses aux vampires toi aussi ? Moi, même si tu t'en fiche, j'adore ces humains si proche et si différent que la normal !

Je n'attends pas particulièrement de réponse, mais je voudrais voir sa réaction.

Oups. Elle disait juste « Oups » ? C'était absurde ! Elle aurait dû s'excuser si platement que son front aurait percuté le sol avec le poids de la révérence ! (voyez le narcissisme pur) Pour qui se prenait-elle cette fille ?! C'était odieux ! Il aurait dû la remettre à sa place dès la première fois qu'il l'avait vu, pour quelles raisons ? Aucune, mais au moins ça lui aurait fais passer l'envie de lui chercher des ennuies. Pourtant c'était une Aqua, elle devrait bien savoir qui était Al, quel était son caractère si particulier. Il se demandait bien pourquoi elle n'avait pas encore détallé devant lui, encore plus après qu'il se soit joliment mis à lui hurler dessus... dans une bibliothèque en plus, c'était du joli !


« Bah euh... je cherche un livre tient ! Pourquoi crois-tu que je sois ici ? »

Idiote, va. Il ne supportait pas qu'on lui fasse remarqué sa propre idiotie. Son visage vira au cramoisie.


« Ce n'est pas de ma faute si tu es maladroit et que tu t'éclate un livre sur le pied. »

« Que. Pardon ?! Répète-moi ça ! »

Un peu plus et de la vapeur sortait de ses oreilles - ou pouvait presque entendre le pshiiiiit significatif de la bouilloire prête à être retirée du feu. Il espérait bien qu'elle rigolait, elle n'avait pas intérêt à avoir dis ça sérieusement sinon il aurait été prêt à lui dire tout et n'importe quoi juste pour faire jaillir la colère immense qui grondait en lui. T'as vu ça, Al ? Non seulement elle te détruit le pied mais en plus elle t'accuses. Tu devrais lui montrer qui tu es. Fais-lui payer à cette insolente. Il l'aurait bien écouté cette voix, la voix du mal. Mais, préférant utiliser le procédé inverse, il essaya de se calmer. Essaya. C'était très peu concluant mais ça lui évita de déblatérer des tonnes et des tonnes d'idiotie sous le coup de l’énervement. Il avait tant d'insultes sur le bout de la langue qu'il sentait sa lèvre inférieur trembler. Alors qu'une fausse sorte de calme revenait en lui, elle prit un livre tombé par terre, y jetant un coup de d'œil il lut avec effrois le titre qui y était inscris en lettre brune. Arrête sur image. Son sang ne fit qu'un tour et quitta son visage par la même occasion. Que faisait-elle exactement ?


« Alexander est bien ton prénom ? »

« Alexander Van Hallagen. »

Oui, c'était ça.


« Tu t'intéresses aux vampires toi aussi ? Moi, même si tu t'en fiche, j'adore ces humains si proche et si différent que la normal ! »

Tout ce qu'il réussit à faire ce fut balbutier ce qui ressemblait à un mélange entre « Euh » et « Hein ». Voilà qu'Al perdait sa belle assurance ! Que pouvait-il dire pour se rattraper ? Un mensonge, oui, un mensonge ce serait très bien. Il hésita à lui arracher le livre des mains, il avait même levé le bras par instinct. Seulement il réfléchit quelques secondes, se demandant s'il n'éviterait pas d'éveiller les soupçons. Quand bien même c'était trop tard.


« Je travaille dessus seulement, ça ne m'intéresse pas. »

Dis avec un voix d'assassin en puissance, ça donne confiance, et oui.

Alexander regarde le livre dans mes mains. Je comprendrais qu'il me dit qu'il le veut. Il a viré au rouge. Je n'ai rien dit pourtant. Peu importe ! Il n'a pas l'air très sur de lui d'un coup et là je suis sur de n'avoir rien fait pour une fois.

-Je travaille dessus seulement, ça ne m'intéresse pas.

Il l'a dit comme s'il voulait me manger et en plus il avait levé le bras. Pour me frappait ? Je me mets en position de défense en me protègent le visage et en fléchissant les jambes. Rien. Il n'en fit rien. Je me redresse avec une légère pointe de crainte et avec un air vaguement affolé. Mais je me calme rapidement. Je ne tiens pas à déclencher un déluge comme j'en ai le secret. Je souris toujours.

- Moi ça m'intéresse. Si tu veux je peux t'aider ? En plus ça me permettra de lire ce volume.

Dis-je en désignent du menton le livre encore dans mes mains.

Je sens que mon bras me lance. J’eus une grimace de souffrance. Je regarde mon bras gauche, à l'avant bras. Une tâche rouge grandissante se dessine sur ma manche d'uniforme. Avant hier je me suis fait attaquer par un Chartier avec un Terra. Je m'étais un peu soignée, mais rien de bien concluent. Les blessure ne cesse de se rouvrir.

-Oh zut ! Mais c'est pas possible ça !

Je sors ma baguette d'ébène et murmure un sortilège de guérison mineur. Je vais devoir me résigner à aller à l'infirmerie. Je trouverais surement un mensonge plausible d'ici là. L'hémorragie c'est arrêtée. Mais pour combien de temps ? Avant d'aller en cour j'irais me changer de chemise et de veste, sinon les professeurs vont ce posés des questions.

Après mettre soigné je me ré-intéresse au blondinet du nom de Alexander. Toute excitée à l'idée de pouvoir lire le livre je n'arrive pas à ne pas sourire.

-Alors, tu veux bien ?

Je marche dans le couloir de livre pour aller vers la table où j'étais en espérant que mon camarade soit d'accord.

Elle prit une position de défense à laquelle Al répondit avec un soupire. C'était bon, fallait pas croire qu'il était violent non plus ! Il n'avait pas la moindre force dans les bras, et sa baguette était aussi intelligente et utile qu'un troll constipé. Il n'y avait pas de quoi avoir peur, quand bien même il criait et hurlait, ça se voyait qu'elle ne le connaissait pas encore. En même temps, Al n'avait pas du tout l'intention d'apprendre à la connaître où à lui montrer des facettes de sa personnalité plus gentille et agréable, certainement pas. Il enfouit sa tête dans ses épaules, un léger rouge d'énervement sur les joues, ou comment montrer à quel point il était agacé et mal à l'aise en même temps. Cocktail explosif. Il détourna le regard.


« Moi ça m'intéresse. Si tu veux je peux t'aider ? En plus ça me permettra de lire ce volume. »

Il ne répondit pas, ayant comme l'impression qu'il venait de recevoir un coup en plein poitrine, cette idiote ne savait visiblement pas de quoi elle parlait. Et bah, qu'est-ce qu'il t'arrive, Al ? Tu perds de ta prestance ! Et ta voix ? Qu'en as-tu fais ? L'aurais-tu égaré elle aussi ? Tu peux bien t'énerver et jouer les fiers, tu ne vaux rien mon pauvre. Tu te faire mener à la baguette par une fille plus jeune que toi. Tu devrais avoir honte. Alors au lieu de garder le silence, regarde-là dans les yeux, récupère ton livre, ton secret et envoie-la chier. C'est la chose que tu n'as jamais su faire, incapable. Il avait mal à l'estomac et ne désirait qu'une chose : partir le plus vite possible d'ici ! N'osant toujours pas la regarder, il déplaçait sa bouche de gauche à droite, en proie à un profond malaise. Comment récupérer son livre en douceur ? Il lui appartenait ! Il venait le lire tous les jours ! D'accord, c'était l'exemplaire de la bibliothèque mais ça n'y changeait rien, jusqu'à présent, il ne se souvenait pas n'avoir jamais vu personne d'autre lire ces ouvrages à part lui. D'où elle sortait cette fille ? En plus elle s'intéressait aux vampires, c'était d'un ridicule. Si seulement, ah, si seulement il avait le courage de le lui dire. Mais pour ça il n'en avait pas, pas sur ce sujet là. Personne ne devait savoir.


« Oh zut ! Mais c'est pas possible ça ! »

Al eut un haut-le-corps, sans même réfléchir à ce qu'il se passait, il se retourna brusquement, la main sur le visage, l'autre reposant contre les étagères de livre. Quelle odeur, quelle odeur puissante ! Enivrante, envoûtante. Si tentante. Comment ne pas céder ? Ses pulsions étaient déjà suffisamment imprévisibles comme cela, pas la peine de lui coller du sang sous le nez. Il se sentit parcouru d'un frisson glacé, sentant son sang se mettre à vibrer aux sons de vibrations qui n'étaient pas les siennes. La soif, elle était là, si dur, si présente. Fronçant les sourcils avec force, il se dit que le rouge de ses yeux disparaîtraient vite. Que tout cela s'en irait ! Qu'il serait apte à se contrôler comme il savait si bien le faire. Alors quand l'odeur disparu, il ne lui fallut que quelques secondes pour sentir la pression redescendre, tout doucement. Essoufflé, il lâcha sa chemise - qu'il avait agrippé comme soutient à la réalité -. Pathétique Al.Tu as envie de son sang, n'est-ce pas ? Tu sais que tu le veux plus que tout le reste. Oui il le savait bien.


« Alors, tu veux bien ? »

« Nan, rends-moi ce livre j'en ai besoin. »

Dit-il avec colère alors qu'il reposait contre l'étagère, ayant presque retrouvé toute sa normalité. Se redressant il se mit face à son interlocutrice - dont il ne se souvenait pas du nom et se fichait royalement -, lui tendant la main et espérant bien qu'elle lui rendrait sans faire d'histoire.


« De toute manière tu ne peux pas m'aider, je suis en 7ème année contrairement à toi. »

Imbécile.