Elle n'aimait pas les humains, mais alors vraiment pas du tout. Cette idée s'était imposée à elle lorsqu'un imbécile l'avait bousculé, non content d'être incapable de regarder devant soi, il avait eu l'audace de lui cracher sa mauvaise humeur dessus. Moon savait qu'elle se trainait une réputation jugée de mauvaise par ses camarades, mais que ce blondinet se serve de rumeur pour l'attaquer et rameuter une foule d'hilare ignorant. La demoiselle s'était contentée de partir sans un mot, ne laissant rien transparaitre, ravalant sa fierté. Pourtant elle en avait envie, une envie folle. Jamais chez elle quelqu'un ne l'aurait traité de la sorte. Malheureusement dans cet endroit les règles étaient différentes, il n'était pas autorisé d'enfoncer ces crocs dans cette superbe gorge mal protéger, ni de griffer ce jolie minois dont il semblait si fière. La violence n'était pas une manière de résoudre les choses. Non ici, elle était dans un monde civiliser, entendez par là, un endroit où il fait bon d'être politiquement correcte au attente de la majorité, d'avoir un physique pas trop mauvais, une langue bien pendue et des parents bien placés.
Moon avait encore du chemin à parcourir, certes elle n'était pas là pour s'intégrer à une quelconque société. La sienne lui suffisait amplement, mais il fallait savoir s'adapter, devenir plus sage et moins violent. Elle n'avait plus 50 ans, il fallait qu'elle apprenne à se contrôler. Ses frères l'avaient décidément trop couvée. Elle se savait forte, mais quelque raclé dans son éducation lui aurait permis de devenir plus mesurée qu'elle ne l'était. A présent elle s'en mordait les doigts, courbant l'échine devant de petit prétentieux qui semblait tout savoir, se mordant la langue pour faire taire sa fierté. Seulement il ne savait pas tout et s'il savait. A cette pensé un sourire revint éclairer cette sombre mine qui s'était accrochée à son visage. Moon s'imaginait parfaitement le visage blême de ce gosse, la peur lui dévorant le cœur, les yeux exorbités.

La demoiselle l'avait appris très tôt, quelqu'un de sa race ne pouvait être amis avec les humains. Ils aimaient se sentir tout puissant, les mettre face à leur faiblesse c'était se voir fiché un couteau dans le coeur. Toutes les belles paroles du monde étaient vite balayées face à la peur qu'inspirait la « monstruosité ». Pourtant, cette monstruosité, Moon l'aimait, elle la trouvait même très belle, gracieuse et attirante. Machinalement, ses pas la menèrent loin de l'académie, loin de ses élèves bruyants et irrespectueux. Loin de tout, si seulement. Une partie d'elle voulait partir, voyager, courir, ne plus se cacher, ne plus faire semblant, l'autre l'incitait à rester ici, tout ce chemin n'avait pas été fait pour rien. Le sol devint plus souple sous ses pieds, revenant à la réalité, elle s'aperçut que la plage était devant elle. Sans réfléchir, elle enleva ses chaussures, posant les pieds sur le sable avec délice. Moon se délecta de ce contacte, la caresse douce de chaque petit grain sur sa peau. Enfin une sensation familière, chaleureuse. Pas comme les murs froids de cette académie et ses élèves ignares. Elle se rapprocha doucement de la mer, puis s'assit dans le sable. Le reflux de l'eau atteignait timidement ses pieds, enfin toute sa frustration s'envola. Plus d'envie de meurtre, plus de crocs qui traversent un pauvre gosse. Il n'y avait plus qu'elle et la nature, juste ca, et c'était tellement mieux que tout le reste. Cette présence inerte, tranquille, elle la connaissait, elle l'avait bercé toute sa vie. La jeune Lycan vivait très mal le fait d'être coupé du monde à travers des murs de pierre, entouré de sorciers qui n'hésiteraient pas à la tuer s'ils savaient ce qu'elle était.
A vrai dire, elle ne comprenait pas ce comportement, cette peur irrationnelle. Les Hommes se faisaient plus de mal entre eux qu'un lycan ne l'aurait jamais fait, pourquoi donc s'entêter à prendre les siens pour des êtres diaboliques? Qui avait-il de mal à être différent?
Ses mains allèrent se effleurer doucement le sable, enfin elle se dérida, prenant un visage plus serein, ici il n'y avait personne. Ici le masque n'était plus nécessaire. La solitude était sa meilleure compagne dans cette endroit. Chaque fois qu'elle croisait une visage amical, quelqu'un qui semblait vouloir se lier avec elle, elle revoyait les bleues de ses deux jeunes frères. Ils étaient tout petits à l'époque, ignorants, téméraires, ils n'avaient pas écouté leur mère, ils étaient allés jouer avec des enfant humains. A cette age on ne contrôle pas ses transformations. Les gosses n'avaient rien fait, mais les parents les avaient rué de coup. Ils auraient été mort si Shad ne les avaient pas retrouvé. Finalement, les monstre ce n'était pas les loups, mais bien les humains. Leurs sourires se seraient vite transformer en grimaces, les sentiments des Hommes manquaient tellement de profondeur.
Moon regarda distraitement ses doigts, tout en continuant le fil de ses pensées. Inspectant ces ongles, parfaitement limés et entretenues. Cela venait plus du tic qu'autre choses, mais s'occuper de ses griffes la calmer, lui permettait de mettre ses idées au clair. Quand chaque sensation se voyait décupler, que chaque murmure devenait des cris, que les odeurs devenaient si distinctes qu'elle reconnaissait un individu d'un autre, il y avait de quoi devenir fou. Surtout avec autant de monde autour d'elle. C'était aussi pour cela qu'il ne fallait pas qu'elle se relâche.
La lumière baissait tranquillement, le bleue du ciel laissant place à des couleurs plus chatoyantes. Elle n'avait pas envie de rentrer dans son dortoir, elle voulait juste rester ici et dormir.
Avec cette pensée en tête, elle s'allongea, fermant les yeux. Son esprit vagabondant, enfin libre d'aller où bon lui semblait sans que la lucidité ne vienne l'enfermer dans une cage aux premières lueurs du jour. La nuit était à elle, le jour était son fardeau. Moon se sentait bien, chaque fibres de son corps se relâchait doucement et le calme envahit son esprit toute mauvaise pensé chasser par le bien être.