Envy F. Hamilton

«Garde tes songes; Les sages n'en ont pas d'aussi beaux que les fous !»

« John s'avança lentement vers elle, une lueur mauvaise dans le regard, les sourcils froncés en signe de désapprobation. Cindy savait qu'elle n'aurait jamais dû faire confiance à Stefan, mais ça avait été plus fort qu'elle et maintenant, elle en payait les conséquences. Déglutissant avec peine, elle regarda John se pencher sur elle pour l'attraper violemment par les cheveux. Dans un faible petit cri, elle leva des yeux emplis de larmes sur ce visage si dur mais si beau. Ses mains s'élevèrent dans les airs, touchèrent tout doucement cette terrible figure et commencèrent à la parcourir du bout des doigts, en dessinant la courbe parfaite du menton droit et carré, des lèvres finement pincées dans une moue colérique, des joues saillantes, des yeux dont les éclairs ne présageaient rien de bon.. Les lèvres tremblantes, Cindy scruta ces deux points noirs qui la dévisageaient maintenant depuis quelques minutes, et un imperceptible frisson la parcourut quand elle y vit cette flamme de passion qui y brillait. Un murmure, un seul, et leur souffle se.. » La porte s'ouvrit violemment sur un homme de taille imposante, large d'épaules et au faciès plutôt menaçant. Envy resta bouche bée devant cette apparition infernale, son livre ouvert sur ses genoux, ne se remettant pas du choc. Le cœur du jeune homme battait à tout rompre, ne s'étant pas attendu à cette entrée des plus impressionnante. Une voix de stentor s'éleva dans le silence pesant de la petite pièce, l'emplissant toute entière d'une présence presque palpable. « Je vous prie d'entrer, Monsieur Hamilton.. » Le jeune homme se sentit comme une souris dans une cage, sentant le regard acéré du chat près à bondir au moindre faux pas. Il se leva précipitamment, rangea son bouquin tout écorné dans un coin et passa dans le bureau dont la fenêtre unique était ouverte, laissant entrer le froid glacial dans la pièce. La porte se referma sur l'imposante silhouette qui, d'un geste de la main, lui offrit aimablement un geste. Il contourna son bureau et s'y assit, pendant qu'Envy faisait de même sur sa minuscule chaise. Mal-à-l'aise, pas très sûr de lui, le jeune homme tentait de contrôler ses émotions, essayait d'échapper à cet homme qui posait ses yeux de rapace sur lui, le déshabillant du regard. « Bien, commençons l'entretien, voulez-vous ? » Envy hocha de la tête, la gorge nouée, ce qui semblât satisfaire son bourreau. « Les formalités d'abord.. Votre nom ? Votre âge ? Le lieu et la date de votre naissance ? Votre nationalité ? » Pris de court par toutes ces questions posées d'un coup, le jeune homme balbutia avec une moue un peu niaise. « Euh.. Ah. Envy Flint Hamilton, j'ai 25 ans depuis peu. Je suis né en Floride, le 7 Mai 1986. J'ai la double nationalité, américain par mon père et latino par ma mère qui, elle, était originaire d'Argentine. » Soudain confiant, Envy arbora un sourire franc à l'évocation de ses parents. Ils avaient toujours été là pour lui, jusqu'à la fin, et malgré leur disparition dans cet accident qui lui avait fendu le cœur, il s'efforçait de garder d'eux le meilleur souvenir. Pendant que son esprit été ailleurs, sa bouche répondait d'elle même aux diverses questions qu'on lui posait. Concierge ? Oui, c'était le poste qu'il convoitait. Étant donné qu'il n'avait pas les qualifications requises pour les autres postes, il se contenterait très bien de celui-ci, en vrai fainéant qu'il était. Mais ce n'était qu'une raison minime, en vérité, et il le savait mieux que personne d'autre. Alors pourquoi ? Pourquoi vouloir devenir le concierge de cette école ? Vous voulez vraiment le savoir ? Bien.. Pour cela, il faut faire un retour dans le passé, d'au moins une bonne vingtaine d'années.. Ou pourquoi ne pas commencer au commencement, pour faciliter les choses ?

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7 Mai 1986, jour à graver d'une pierre blanche pour Mercedes et Andrew Hamilton. Après 9 mois d'une grossesse qui semblait interminable, l'enfant venait enfin de naître ! Un garçon de taille raisonnable, joufflu comme un hamster, rouge comme une betterave et braillant comme un cochon. Un beau bébé, en somme, et en pleine forme, comme le démontrait la force qui émanait de ses poumons.. Lui et sa mère restèrent quelques jours à l'hôpital de Tallahassee, la capitale de la Floride, avant d'aller retrouver le dernier membre de la petite famille, tout impatient de pouvoir enfin tenir son fils dans ses bras. Chose qu'il, le moment venu, fit avec le plus grand bonheur. La famille Hamilton venait de s'agrandir d'un nouveau membre, le joyeux et gentil petit Envy, et ses parents ne s'en privaient pas de le crier sur tous les toits. Ils vécurent donc unis dans la joie leurs jours heureux, chaque année tracée sur le mur en fonction de la continuelle rapidité qu'avait le jeune Hamilton à grandir comme une pousse végétale. Ce dernier, au cours des ans, ne se révéla pas être doué d'un esprit et d'une intelligence miraculeuse, mais d'un flegmatisme et d'une insouciance désastreuse, au grand damne de ses parents. Il suivit ses études jusqu'au bout, tant bien que mal, redoublant une ou deux fois, dans la joie et la bonne humeur qui le caractérisaient. Et malgré cette tâche sur son dossier, Mercedes était aux anges de voir que son fils ressemblait trait pour trait à son père : grand à la silhouette svelte et musclée, les yeux clairs tirant sur le bleu-vert ; mais aussi qu'il avait la chance d'avoir hérité sa peau mate et ses lourds et épais cheveux noirs. Un très beau jeune homme qui attirait bien malgré lui les regards dans la rue, mais malheureusement, qui était un vrai tue-l'amour.. Trop de franchise dans ses paroles, trop de candeur dans ses actes. Ce grand romantique rencontra souvent les chagrins liés à l'amour, qui n'était plus ce qu'il était dans le temps, et frustré de se voir ainsi manipuler par les femmes, s'essaya aux hommes. Quoi de plus naturel ? Quand quelque chose ne vous satisfait pas, vous vous tournez vers son opposé, son contraire ! C'est donc ce qu'il fit, tout en gardant certains contacts féminins, à plusieurs reprises. Vous comprenez donc que sa Mama, bien qu'ouverte d'esprit, en eut le cœur brisé, ainsi que son père pour qui ce genre de mœurs ne devait pas entrer dans la famille. Trop tard.. C'est depuis ce temps là, environ depuis ses 18 ans, que les relations entre Envy et ses géniteurs se dégradèrent. Le jeune homme ne tarda donc pas à quitter le domicile familial, ne supportant plus les continuels reproches de son père qui ne cessait de lui jeter des absurdités au visage. Il commença donc sa nouvelle vie, loin de ses parents, heureux de se sentir enfin libre de faire ce qu'il voulait quand il en avait envie. Faisant des cauchemars rien qu'à l'idée d'avoir à faire des études supérieures, il se mit à travailler dès sa majorité. En attendant d'être en âge, il alla passer une année sabbatique chez sa grand-mère en Argentine, où il apprit notamment à parler l'Espagnol sur le bout des doigts. Mais cette vie paisible changea du tout au tout, d'une façon très radicale et bien plus rapidement qu'aucun de vous ne pourrez le penser..

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« AAAAAHHH !!! Je suis à la bouuuuuurre ! » Envy. 22 ans 3/4. Définition même du BOULET. En retard pour son travail pour la troisième fois de la semaine, le jeune homme courrait comme un dératé dans la rue, zigzagant entre les passants, en percutant certains. La sueur perlait, dégoulinante, sur son front et son souffle haletant accompagnait la vitesse délurée de sa course. Il arriva en trombe dans le restaurant et tomba nez-à-nez avec son employeur dont le regard meurtrier qu'il lui lançait n'avait rien de bon. Sous les remontrances plus ou moins violentes, Envy se fit tout petit et se jeta même à genoux pour prier son démon de patron de lui laisser une dernière chance.. Heureusement que les yeux de chien battu de ce cher jeune homme étaient persuasifs ! Après cette petite aparté, il se mit donc sérieusement au travail, sous une pluie de regards menaçants. Mais tout a toujours une fin, brutale ou non. Et le coup du destin ne fut pas tendre avec le pauvre garçon. Alors qu'il se dirigeait vers une table pour servir un couple, un éclair de douleur lui traversa la tête, imprimant dans son esprit des images désagréables, bien trop horribles pour être possibles, qui repartirent aussi vite qu'elles étaient venues, laissant cependant un vertige et un mal de crâne insupportable. Avec un cri de souffrance, il laissa tomber les assiettes qu'il avait en main sur le magnifique tailleur de la jeune assise en face de lui qui hurla d'horreur plus pour ces habits foutus à cause de la sauce tomate que pour la chaleur extrême du plat. Les mains plaquées sur ses tempes, il s'affala sur les genoux et tenta de refouler les larmes qui coulaient seules sur ses joues. Ignorant les cris des clients ( de la cliente surtout ) et de son employeur, il ferma les yeux pour chasser ses images horrifiantes de son esprit. Il ne pouvait pas croire ce qu'il venait de voir, il n'y avait aucune raison pour que tout cela soit vrai ! Revenant petit à petit dans le monde des vivants, il se releva tant bien que mal pour s'entendre hurler à la figure. « Vous êtes viré ! Vous m'entendez ?! VIRÉ ! » Et sous le coup de l'émotion, bien trop forte, le poing du jeune homme atterrit avec grand fracas dans le joli visage furibond de son patron. Puis, sans un mot, il partit rapidement récupérer ses affaires pour sortir de cet endroit infâme. Dehors, il s'arrêta. Stop net. Leva les yeux au ciel bleu éclairait d'un astre de lumière gigantesque et plein de splendeur, dont les rayons vinrent éblouir les yeux encore humides d'Envy. Un rire nerveux sorti de sa bouche tremblante, et avec les yeux d'un fol esprit, il marcha lentement, d'un pas mortuaire au milieu de tout ce monde pressé. Quelques jours plus tard, travaillé par ces visions étranges, il se décida enfin à aller voir un médecin. Dans la salle d'attente, il bouscula tous les hypocondriaques et les vieilles dames pour passer dans les premiers, se faisant insulter et injurier. Dans la salle d’auscultation, on se moqua de lui. « HAHAHA !! Des visions ? Vous vous croyez voyant monsieur ?? Allons, s'il vous plait ! Tout cela n'existe pas ! Ce sont juste des hallucinations, mon vieux.. Des visions non mais franchement ! HAHA !! » Rouge de honte et d'humiliation, Envy sortit fout de rage en maudissant ces #izRE!/( de médecins. Et deux semaines plus tard, ces "hallucinations" se révélèrent justes.. Un coup de fil lui fut passé, le prévenant de la mort de ses parents dans un accident de voiture alors qu'il venait le voir pour son anniversaire.


Voici le fin mot de l'histoire, l'épilogue d'une vie monotone et d'un train-train quotidien. Depuis ce jour, Envy s'est obligé à bannir tout souvenir désagréables sur cette période de sa vie de sa mémoire, et s'est notamment découvert à don pour la magie. Ce dont les médecins avaient ri était bel et bien réel, mais ils ne s'en rendirent compte que trop tard, mourant brutalement et dans d'atroces souffrances d'une étrange maladie incurable et inconnue. Si vous aviez des doutes sur les raisons d'Envy pour avoir postulé comme concierge à Yendys, j'espère que cette petite histoire vous a éclairé. Changer de monde et changer de vie était désormais la maxime du jeune homme. Il comptait profiter de sa nouvelle vie, de son nouveau travail et de ses nouveaux amours ( il l'espérait ) jusqu'à en presser la dernière goûte de bonheur qui lui redonnerait sa vitalité d'antan ( partiellement retrouvée, ce n'est qu'une excuse pour faire pleurer les filles.. ). Et comme l'a dit un certain Aristote : « Rire est le propre de l'homme. »