Un courant froid traversa la bibliothèque, faisant danser les rideaux couleurs ocres et tomber une pile de livre mal équilibrée, un fracas infernal comme un coup de tonnerre dans le ciel sortit la rouquine de ses doux rêves. Elle s'était assoupie, la tête impunément calée entre deux pages d'un herbier ; d'un côté on avait une Alihotsy entourée de notes raturée, réécrite et cætera mettant en garde les apprentis herboristes contre les effets passablement dangereux de cette plante susnommée et de l'autre une mauve-douce aux couleurs pastels, la page était vide d'écriture. C'était le lieu le plus calme de toute cette école, Cassidy venait régulièrement ici pour étudier la botanique, mais elle s'endormait quasiment à chaque fois au bout de quelques pages lues. C'était certainement ces diverses effluves de plantes couplée à cette délicieuse odeur de cuir vieilli qui provoquait en elle de telles somnolences.
Parfois elle regardait ces herbiers et elle se demandait si elle n'aurait pas mieux fait de naître ailleurs et dans un autre siècle ; quand les sorcier était encore libre, quand les écoles n'existaient pas, elle aurait été un de ces êtres itinérants et sans attaches, elle aurait parcouru le monde, elle aurait participé aux plus grandes découvertes d'un siècle oublié, elle n'aurait eu ni ami ni famille, jamais d'enfant, car sa vie aurait été consacré aux plantes. Ça aurait été une existence tellement vide et pourtant si riche... Puis elle se trouvait stupide et elle quittait silencieusement sa chaise, prenait l'épais bouquin a deux mains et se traînait jusqu'au rayon de la bibliothèque, le temps de retrouver l'endroit ou devait être rangé le livre elle trouvait chaque fois un nouvel ouvrage a feuilleter. N'hésitant jamais à abandonner son rangement pour se plonger dans une nouvelle lecture, elle laissait sans la moindre gène une traînée de livre derrière elle.

Elle se plongea dans un minuscule livre à la couverture de cuir rouge. Le temps de lire quelques définissions, elle se sentait à nouveau partir. La tête appuyée sur sa main, la joue gonflée par la pression de cette dernière elle poussa un soupir ennuyé, quelques secondes plus tard elle fermait machinalement les yeux. Bien qu'elle vouait une véritable passion à la botanique depuis toute petite, elle n'avait jamais aimé étudier, elle n'aimait pas non plus la solitude ; elle détestait tout naturellement étudier seule. Et dans ces moments là, elle se sentait régresser de trois ans en arrière, jusqu'à cette époque maudite où elle était ignoré de la grande majorité et ou ses journées entières ne ressemblait à rien d'autre qu'un vaste étang de solitude. La fatigue se mélange a l'ennui et le sommeil gagne petit a petit tout le corps de Cassy, quand il achève de briser son ultime rempart, son cerveau se met en veille et sa tête vas s'écraser quelques centimètres plus bas ; contre la table. Le bruit est violent, mais bien moins que le cri poussé par la rouquine immédiatement après.

« Aaaah ! Putain, merde. MERDE, merde ! Ça fait maaal, merde.  »

Un peu de simulation – au cas ou quelqu'un traînerait dans les parages – beaucoup de douleur tout de même. La rouquine trottine a travers toute la pièce, la tête entre les mains, les larmes aux yeux. Un peu pour faire passer la douleur, mais surtout pour voir si quelqu'un traîne dans les parage et l'aurait donc vue ou entendue.